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Les mers européennes sont confrontées à un avenir incertain si des mesures urgentes et cohérentes ne sont pas prises

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Actualités Publié 25/06/2020 Dernière modification 17/11/2021
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Face à l’augmentation des menaces liées à la surexploitation des ressources marines, à la pollution, et au changement climatique, il est urgent d’agir pour rétablir le bon état des mers européennes. D’après le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement sur les écosystèmes marins européens, publié aujourd’hui, il est grand temps de mettre fin à des décennies de négligence et d’abus.

Il est encore possible de restaurer nos écosystèmes marins. Pour cela,  il nous faut agir avec fermeté et cohérence, et trouver un équilibre durable entre l’usage que nous faisons des mers et l’impact de nos activités sur l’environnement marin.

Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE

Selon le rapport de l’AEE «Marine Messages II», l’état actuel des mers européennes est globalement mauvais. Cette dégradation du milieu marin est une mauvaise nouvelle pour la population car elle a un impact sur la qualité de vie, les moyens de subsistance et l’économie des pays. L’état de nos mers détermine en effet la capacité de celles-ci à fournir de l’oxygène, des aliments, un climat habitable, ou encore certaines matières premières, et il joue également un rôle important dans nos loisirs et notre santé.

L’exploitation passée et actuelle des mers européennes – de la Baltique à la Méditerranée – a des conséquences néfastes sur l’environnement, perturbant l’équilibre des espèces et des habitats marins, et modifiant la composition physique et chimique globale des mers. À ces problèmes complexes vient s’ajouter le changement climatique, qui aggrave l’incidence des autres menaces. Au rythme actuel, les effets combinés de ces changements pourraient, selon le rapport de l’AEE, causer des dommages irréversibles aux écosystèmes marins. Le rapport pointe toutefois des signes de rétablissement de l’écosystème marin dans certaines zones, grâce aux efforts considérables mis en œuvre, souvent sur plusieurs décennies, pour réduire certains impacts comme ceux liés aux contaminants, à l’eutrophisation et à la surpêche.

«Nos mers et nos écosystèmes marins souffrent d’années de surexploitation et de négligence graves. Nous pourrions rapidement arriver à un point de non-retour, mais, comme le confirme notre rapport, il est encore possible de restaurer nos écosystèmes marins. Pour cela, il nous faut agir avec fermeté et cohérence, et trouver un équilibre durable entre l’usage que nous faisons des mers et l’impact de nos activités sur l’environnement marin. Dans ce contexte, la nouvelle stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, ainsi que d’autres éléments du Pacte Vert pour l'Europe, nous redonnent l’espoir qu’une action urgente et cohérente sera menée en faveur de la protection et de la restauration», a déclaré M. Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE.

Il est peu probable que, d’ici la fin de l’année 2020, les États membres de l’UE parviennent à atteindre dans toutes leurs eaux l’objectif de «bon état écologique» fixé par la directive-cadre Stratégie pour le milieu marin de l’UE (MSFD), principale législation de l’UE en matière de protection de l’environnement marin. Toujours est-il que des progrès et des résultats importants ont été obtenus depuis la mise en place de la directive. Ces conclusions sont reprises dans le rapport de la Commission européenne, également publié aujourd’hui, faisant le point sur l’état actuel de la mise en œuvre de cette directive. Le rapport de l’AEE s’inscrit dans le cadre de l’examen de la Commission et propose des solutions permettant d’aider l’UE à atteindre l’objectif de mers propres, saines et productives fixé par la législation, grâce, principalement, à une gestion fondée sur les écosystèmes.

Toutes les données communiquées à la Commission par les États membres de l’UE sont rendues publiques, pour la première fois, sur un site web dédié (WISE-Marine), qui permet également d’accéder à des produits basés sur ces données et à des outils de visualisation qui donnent un aperçu de l’état de l’environnement marin dans l’UE.

 

Autres conclusions importantes :

  • L’économie maritime de l’UE poursuit sa croissance et la concurrence pour la maîtrise des ressources marines, comme le poisson, les combustibles fossiles ou les minéraux, la production d’énergie renouvelable et l’espace devrait s’intensifier. Cette tendance ne fera qu’accroître la pression exercée sur des écosystèmes marins déjà surexploités. Pour éviter cela, il faut dissocier la croissance de ce secteur de la dégradation et de l’appauvrissement des écosystèmes marins et la contenir dans les limites d’une utilisation durable.
  • Les engagements pris au niveau européen et mondial n’ont malheureusement pas permis d’enrayer la perte de biodiversité observée dans les mers européennes. Les nombreuses évaluations des espèces et des habitats marins continuent de révéler un « état de conservation défavorable ». Des études mettent en lumière la situation très difficile dans laquelle se trouvent un grand nombre d’espèces, comme les oiseaux de mer, les mammifères marins (phoques et baleines), mais aussi les stocks de poissons, notamment le cabillaud.
  • Si les mesures de gestion ciblant des espèces et des habitats marins déterminés ont permis d’améliorer leur situation dans plusieurs régions marines de l’UE, cette réussite partielle ne compense pas les effets combinés des multiples pressions qu’exercent les activités humaines sur l’ensemble des mers européennes.
  • Dans les zones bénéficiant d’une coopération régionale cohérente, les tendances négatives liées à certaines pressions commencent à s’inverser, comme les niveaux de nutriments et de contaminants ou l’introduction d’espèces non indigènes, par exemple.
  • Les interactions terre-mer et l’importance des zones côtières sont deux dimensions importantes à prendre en considération dans la définition d’actions visant à réduire les pressions sur le milieu marin.
  • Les changements dans la température et la teneur en oxygène des océans et leur acidification montrent que des évolutions systémiques négatives sont à l’œuvre dans les régions marines de l’UE, ce qui réduit encore davantage la résilience des écosystèmes marins, notamment face au changement climatique.
  • Les politiques mises en œuvre par le passé, au niveau régional et de l’UE, permettent de tirer divers enseignements en vue de la restauration des écosystèmes marins, enseignements qui devraient être utilisés pour mettre en place des mesures et des solutions permettant d’atteindre l'objectif de mers propres, saines et productives.
  • Avec une volonté politique claire, des ressources supplémentaires et un renforcement de la coordination des parties prenantes et de l’intégration des politiques, l’Europe pourra progresser vers l’objectif de « bon état » des mers, d’ici à 2030, dans le cadre existant de la politique de l’UE. Pour atteindre cet objectif, il est impératif de réduire les pressions sur les écosystèmes marins. Avec son ambition affichée de protéger 30 % des mers d’Europe et d’en placer 10 % sous une «protection stricte», la nouvelle stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 donne un nouvel élan à la réduction de ces pressions.
  • Atteindre l'objectif de «bon état» des mers en Europe joue un rôle essentiel dans la mise en place d’une économie bleue durable et dans la réalisation des objectifs de planification de l’espace maritime, tels qu’ils sont énoncés dans le Pacte Vert pour L'Europe.

 

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