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Une meilleure qualité de l’air est bénéfique à la santé humaine et contribue à la lutte contre le changement climatique

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Article Publié 26/01/2018 Dernière modification 11/05/2021
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Photo: © Maria Cristina Campi, NATURE@work/EEA
La législation, la technologie et l’abandon des combustibles fossiles très polluants dans de nombreux pays ont contribué à améliorer la qualité de l’air en Europe au cours des dernières décennies. Cependant, beaucoup de gens continuent de pâtir de la pollution atmosphérique, surtout dans les villes. Compte tenu de sa complexité, la lutte contre la pollution de l’air exige une action coordonnée à plusieurs niveaux. Afin d’impliquer les citoyens, il est essentiel de leur fournir des informations opportunes d’une manière accessible. L’indice européen de la qualité de l’air, mis en place récemment par nos soins, répond précisément à cet objectif. L’amélioration de la qualité de l’air ne serait pas seulement bénéfique pour notre santé, mais pourrait aussi contribuer à la lutte contre le changement climatique.

La qualité de l’air en Europe s’est considérablement améliorée depuis que l’Union européenne et ses États membres ont mis en place des politiques et des mesures concernant la qualité de l’air dans les années 1970. Les émissions de polluants atmosphériques provenant de sources majeures, dont les transports, l’industrie et la production d’électricité sont à présent réglementées et connaissent généralement une baisse, mais pas toujours dans la mesure prévue. Les fortes concentrations de pollution atmosphérique continuent d’avoir d’importantes répercussions sur la santé des Européens, les particules et le dioxyde d’azote sont les polluants les plus nocifs.

Le dernier rapport annuel sur la qualité de l’air de l’Agence européenne pour l’environnement montre que la plupart des personnes qui vivent dans des villes européennes continuent d’être exposées à des niveaux de pollution jugés nocifs par l’Organisation mondiale de la santé. Selon ce rapport, on estime à 428 000 le nombre de décès prématurés causés par les concentrations de particules fines dans 41 pays européens en 2014, dont quelque 399 000 dans l’UE-28.

Une mauvaise qualité de l’air a également de fortes répercussions sur l’économie, car elle augmente les coûts médicaux, diminue la productivité des travailleurs et a un effet néfaste sur les sols, les récoltes, les forêts, les lacs et les rivières. Bien que la pollution atmosphérique soit souvent associée à des épisodes de pics de pollution, l’exposition à long terme à de faibles doses constitue une menace plus grave encore pour la santé humaine et pour la nature. 

La réduction de la pollution atmosphérique contribue à lutter contre le changement climatique

Le dioxyde de carbone constitue le principal facteur du réchauffement planétaire et du changement climatique, mais ce n’est pas le seul. De nombreux autres composés gazeux ou particulaires, appelées «agents de forçage climatique», influent sur la quantité d’énergie solaire (y compris la chaleur) que la terre conserve.

Le méthane, par exemple, est un agent de forçage climatique très puissant ainsi qu’un polluant de l’air provenant des activités agricoles, étroitement lié à l’élevage du bétail et à la consommation de viande. Les particules sont un autre polluant et ont une incidence sur les changements climatiques et la qualité de l’air. Selon leur composition, elles peuvent avoir un effet de réchauffement ou de refroidissement sur le climat local et mondial. Par exemple, le noir de carbone, un des constituants des particules fines qui provient de la combustion incomplète de carburants, absorbe l’énergie solaire et le rayonnement infrarouge dans l’atmosphère et exerce dès lors un effet de réchauffement.  

Des mesures visant à réduire les émissions des agents de forçage climatique à courte durée de vie, comme le noir de carbone, le méthane, l’ozone ou les précurseurs de l’ozone, sont bénéfiques pour la santé humaine et pour le climat. Les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques ont en commun les mêmes sources d’émission. Il est par conséquent possible de bénéficier d'avantages et de réaliser des économies en limitant les émissions des uns ou des autres.

Toutefois, certaines mesures encouragées dans le passé, notamment en faveur de la lutte contre le changement climatique, ont exercé des effets négatifs involontaires sur la qualité de l’air. Par exemple, de nombreux pays ont fait la promotion des véhicules à moteur diesel, mais il s'est avéré que ceux-ci émettaient des niveaux élevés de polluants atmosphériques. De même, la promotion de la combustion du bois renouvelable dans certaines régions d’Europe a malheureusement conduit à des niveaux élevés de particules dans l’air au niveau local. Nous devons tirer les leçons de ces exemples et nous assurer que les conséquences des mesures que nous choisissons de mettre en œuvre sont bien comprises et prises en compte.

Les liens entre le changement climatique et la qualité de l’air ne sont pas limités à des polluants communs rejetés dans l’atmosphère par les mêmes sources. Le changement climatique peut également aggraver les problèmes de pollution de l’air. Dans de nombreuses régions du monde, les changements climatiques devraient avoir une incidence sur les conditions météorologiques locales, notamment la fréquence des vagues de chaleur et des épisodes d’air stagnant. Davantage de lumière du soleil et des températures plus chaudes pourraient non seulement prolonger les périodes d’élévation des niveaux d’ozone, mais également exacerber les pics de concentrations d’ozone. Ce n’est assurément pas une bonne nouvelle pour certaines régions d’Europe, qui connaissent de fréquemment des limites d’ozone troposphérique excessives.

Prendre des mesures cohérentes de l'échelle locale à l'échelle mondiale

La pollution atmosphérique n’est pas la même partout. Différents polluants sont rejetés dans l’atmosphère à partir d’un large éventail de sources. Le transport routier, l’agriculture, les centrales électriques, l'industrie et les ménages sont les principaux émetteurs de polluants atmosphériques en Europe. Une fois dans l’atmosphère, ces polluants peuvent se transformer en nouveaux polluants et se propager. La conception et la mise en œuvre de politiques visant à affronter cette complexité ne sont pas des tâches aisées.

Compte tenu de la diversité des sources, autant sur le plan de la répartition géographique que de l’activité économique, des mesures doivent être prises à différents niveaux, de l'échelle locale à l'échelle internationale. Les conventions internationales peuvent viser à réduire la quantité de polluants rejetés dans l’atmosphère, mais en l'absence de mesures locales — campagnes d’information, interdiction de circulation des véhicules hautement polluants dans les villes ou décisions de zonage urbain — nous ne parviendrions pas à tirer pleinement parti de nos efforts. Cette diversité signifie aussi qu’il n’existe pas de solution universelle à la pollution de l’air. Pour réduire davantage l’exposition et les dommages ultérieurs, les autorités doivent adapter leurs mesures afin de tenir compte de facteurs locaux, tels que les sources, la démographie, les infrastructures de transport et l’économie locale.

Pour renforcer la cohésion entre les actions menées aux plans locaux, national, européen et mondial, la Commission européenne a réuni différentes parties prenantes de l’Europe tout entière lors du Forum sur la qualité de l’air, en novembre. Le forum, qui s’est tenu à Paris, a non seulement mis l’accent sur l’amélioration de la qualité de l’air dans les villes, mais également sur la pollution atmosphérique provenant des activités agricoles. Il a également mis en évidence l’innovation et les débouchés commerciaux liés aux actions en faveur de l’assainissement de l’air.

Informations essentielles pour limiter l’exposition

L’Agence européenne pour l’environnement travaille avec ses pays membres pour recueillir des informations comparables sur la qualité de l’air au fil du temps. Sur la base des données collectées, nous mesurons les progrès, analysons les tendances et recherchons des liens entre des sources telles que le transport routier et les mesures enregistrées de la qualité de l’air.

Le cas échéant, les mesures effectuées par les stations de surveillance peuvent être complétées par des observations par satellite. Dans le cadre de son programme d’observation de la Terre, Copernicus, l’Union a lancé en octobre un nouveau satellite chargé de surveiller la pollution atmosphérique, qui a déjà commencé à fournir des images. Ces informations sont ensuite régulièrement partagées avec le public et les responsables politiques. Il est important de noter que l’Agence ne s’occupe que de la qualité de l’air extérieur, et non de la qualité de l’air que nous respirons à la maison ou au travail, qui a également des répercussions directes sur notre santé. 

Dans le cadre de nos efforts visant à fournir les informations les plus récentes, nous avons élaboré avec la Commission européenne un nouveau service en ligne: l'indice européen de la qualité de l’air. Présenté lors du Forum sur la qualité de l’air, l’indice européen de la qualité de l’air fournit des informations sur la situation actuelle de la qualité de l’air fondées sur des mesures provenant de plus de 2 000 stations de surveillance de la qualité de l’air réparties dans toute l’Europe. L’indice permet aux citoyens d’utiliser une carte interactive pour vérifier la qualité de l’air au niveau de la station, sur la base de cinq principaux polluants atmosphériques qui nuisent à la santé et à l’environnement: les particules (PM2,5 et PM10), l’ozone troposphérique, le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre. Cet outil nous permet de partager ces informations avec tous les Européens intéressés par la lutte contre la pollution de l’air. Nous pouvons tous vérifier la qualité de l’air là où nous sommes et prendre des mesures de précaution pour réduire notre exposition à la pollution.

Les informations sont sans conteste essentielles pour lutter contre la pollution atmosphérique et réduire ses effets nocifs. Cependant, pour améliorer la qualité de l’air et atteindre les objectifs de l’Union à plus long terme, nous devons prendre en compte les émissions de tous les secteurs et systèmes économiques tels que la mobilité, l’énergie ou l'alimentation, et comprendre les modèles de production et de consommation qui génèrent ces émissions. C’est la seule voie à suivre. L’AEE se tient prête, en tant que partenaire de connaissances, à contribuer à la réalisation de ces objectifs à long terme. 

 

Hans Bruyninckx

Directeur exécutif de l’AEE

Éditorial publié dans le Bulletin de l’AEE, numéro 2017/4, 15 décembre 2017.

 

 

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